"Parcours Croisés"- Chapitre 14
Parcours croisés - Mardi
Chapitre 14
Annie
- Tiens, prends celui-là, cest plus facile !
Martina me tends un couteau à dents. En bon chef, elle nous a distribué les tâches : à moi les to-mates, à Véronique le concombre, et elle prépare les vinaigrettes. Alain quant à lui, sest esquivé en nous laissant la cuisine. Jentends couler leau dune douche.
Véronique est assise en face de moi devant la petite table ronde pendant que Martina sactive, nous tendant les saladiers, couteaux, planches à découper. Chaque fois quelle passe derrière moi, elle presse mon épaule, passe la main sur mon bras. Véronique a remarqué son manège et baissé les yeux, un petit sourire aux lèvres. Jaime ces gestes , mais je suis gênée que Véro soit témoin de cette intimité explicite, et son petit sourire
que peut-elle deviner ? Quand Martina part vers la terrasse avec verres et assiettes, elle prononce tout doucement :
- Elle est belle, nest-pas
Je lève les yeux, un début de fard me montant aux joues. Elle me regarde sans rien dire, sérieuse. Elle a les deux coudes appuyés sur la table, un concombre dans une main, un couteau dans lautre, et après quelques secondes pendant lesquelles je reste muette, son visage séclaire dun doux sourire :
- Ne rougis pas
moi aussi je la trouve belle
chhhut, elle arrive ! et elle rit en repre-nant son travail.
- Quest-ce qui se passe ? Vous profitez de mon absence pour vous raconter des histoires ?
Martina pose ses deux mains sur les épaules de Véro, arrange une mèche, caresse son cou, et cest Véro qui rougit, ses yeux toujours fixés sur les miens
je sais
nous savons toutes les deux
et le regard que nous échangeons est complice, sans arrière pensée. Je me surprends à trouver ça très normal et naturel ; ni pincement, ni jalousie ; au contraire, je me sens presque soulagée ; quelle devine ; quelle éprouve la même chose
en un regard
on sest reconnues
dévoilées.
Martina sest assise entre nous :
- Tout va bien mes belles ?
Ensemble nous avons hoché de la tête sans nous quitter des yeux et souriantes.
- Véro ! il faut que je te raconte la première fois que jai vu Annie !
- Oh non ! Sil te plaît ! Pas ça !
et bien sûr, elle a raconté, ajoutant des détails, exagérant tout :
- Cest pas vrai ! ne la crois pas ! cest allé trop vite !
- Attends ! Laisse-la raconter !
-
et je voyais en gros plan ses frisottis noirs entre ses jambes
- Oh la menteuse !
et quand elle a eu fini son histoire entrecoupée déclats de rires :
- Et tu sais pas tout ! y a une suite !
- Tu tiens vraiment à me ridiculiser !
- Allez ! raconte la suite !
- Hier, madame sest improvisée esthéticienne ! Quest-ce quelle a voulu faire, je sais pas, mais le résultat
!!!
- Quest-ce que tas fait ? Allez, dis moi
- Jai voulu me faire belle !
atténuer mon côté « portugaise au naturel »
je voulais me faire belle pour mettre des dessous mignons
- Et alors ?
- Alors elle a raté son coup
mais ça va sarranger
- Je me suis rasée un peu
et jai des boutons partout !
- Tu parles, cest pas des boutons, cest des plaques grosses comme ça !
- En plus ça démange
- Eh ! comment tu sais quelles sont « grosses comme ça »,
- Ben je la soigne !
- Aahhh ! cétait ça ton alerte médicale, toute à lheure
quand tu nous a abandonnés Alain et moi !
- Ouaip ! Faut pas laisser une amie dans la peine, quand même ?
-
oui, oui, oui, je vois ça dici ! et
ten as jusquoù de ces plaques ?
-
euh
devine
- STOP ! ARRETEZ-TOUT !
On sest retournées toutes les trois en même temps. Alain, hilare, bras croisés, était debout à lentrée de la cuisine, appuyé au chambranle de la porte :
- Tarzan qui écoute aux portes ! Cest pas beau !
- Tes là depuis combien de temps, chéri ?
- Annie parlait dune « portugaise » je crois
Il est mort de rire et moi jai à nouveau les joues qui ressemblent à mes tomates.
- Vous êtes pas drôle ! Je veux mourir ! Je veux faire lautruche
Alain se précipite et me prends par les épaules :
- Pas dans les tomates !!!
Il se penche vers moi et me plante un gros baiser dans le cou :
- De toute façon, Tina maurait raconté
-
ça me rassure pas
- Tu me raconteras en détail, hein ? Tina
Elle me regarde quelques secondes, lève la tête vers Alain, toujours derrière moi, puis retrouve mes yeux :
- Je te dis toujours tout, tu sais bien
Véronique prend un air dégoûté et montre tour à tour Alain et Martina de la pointe de son couteau :
- On a affaire à un couple de pervers ! Tu les connais pas depuis longtemps, tu peux pas savoir ! des pervers, je te dis !
On a mangé sur la terrasse. La tombée de la nuit a amené un peu de fraîcheur. Alain a ouvert un bouteille de rosé, nous a donné un avant goût de ses talents de maître ès-barbecue en grillant des saucisses et des côtelettes, ouvert une seconde bouteille de rosé.
Le paréo de Martina continuait à souvrir jusquau nombril et ça ne gênait personne, surtout pas Alain qui tenait sa main au chaud entre ses jambes. Véro nous a raconté leurs frasques détudiant en se moquant gentiment dAlain, de ses conquêtes féminines parfois douteuses :
-
mais il finissait toujours par nous revenir
à Catherine et à moi
- Vous vous connaissiez bien ?
- Oh oui ! Bibliquement ! Et je me souviens de « TOUT » Môssieur !
Véronique est assise sur le banc à côté de moi et a posé un bras sur mes épaules. Je sens la chaleur de sa cuisse contre la mienne. Elle ponctue ses anecdotes de tapes sur ma main qui joue avec mon verre, qui se remplit aussi vite que je le vide.
Nous nous sommes installés dans le salon. Alain a mis de la musique douce. Véronique sest allongée sur le canapé, la tête sur mes genoux, a raconté laprès-fac, Marseille où elle sest ennuyée, ses échecs amoureux, ses chagrins
Cétait un peu triste, mais elle en riait
Elle est partie vers minuit.
Pendant que Martina la raccompagnait à sa voiture, Alain et moi avons débarrassé la table.
A son retour, elle sest blottie dans les bras dAlain :
- Content de lavoir retrouvée ?
- Cest une très bonne surprise, incroyable
- Jai encore un petit travail dinfirmière
couche-toi, je te rejoins vite
Alain a pris mon visage dans les mains et a posé un baiser sur ma joue :
- A demain
Ne la garde pas trop longtemps
- Promis
à demain
Jai passé une main derrière son cou pour quil se baisse et me suis mis sur la pointe des pieds pour lembrasser à mon tour :
-
tes trop grand pour moi
Sa main dans mon dos était chaude.
Martina ma pris par la main et nous sommes parties vers le fond du jardin et le petit muret si pra-tique.
- Tu racontes vraiment tout à Alain ?
- Oui
bien sûr
- Il nest pas jaloux ?
- Il sait que je laime
Il sait que je suis honnête, avec lui, avec toi
avec Véro
- Cest pas courant quand même
- La vie est belle
il faut la vivre
je ne lui vole rien
je laime tu sais
et toi aussi je taime
mais pas pareil
plus ou moins ça veut rien dire
Cest différent
il me comprend, et puis je crois quil est comme moi. Il na pas fait lamour a une autre femme depuis quon se connaît, mais ça arrivera, ment, et cest bien comme ça.
- Tes pas jalouse du tout ? Il a très bien connu Véro
- Ils se retrouveront sans doute, cest normal. Cest une fille bien, tu sais
- Je ne sais pas comment je le vivrais
- Est-ce que tu es jalouse dAlain ? de Véro ?
je partage aussi des moments avec elle, tu le sais
- Oui, je lai compris
et non, aucune jalousie, tes bête
- Tu vois, cest simple
Elle ma suivie dans la salle de bains. Jai pris le pot donguent dans larmoire à pharmacie et je me suis déshabillée .
Jai hésité, et puis je lai entraînée dans ma chambre et me suis assise au bord du lit.
Elle sest mise à genoux devant moi, a repoussé ma main qui tendait le pot. Elle sest avancée et nous nous sommes embrassées.
Ses lèvres étaient douces et chaudes, et sa langue avait le goût un peu amer du rosé. Elle a glissé sa main sur mes jambes et je me suis ouverte à elle, allongée sur le lit, une jambe sur son épaule. Elle a embrassé mon sexe, la ouvert de sa langue, le parcourant lentement de haut en bas, léchant aussi ma rosette. Elle ma donné du plaisir sans plus me toucher de ses doigts ; de ses lèvres et de sa langue, sans jamais me brusquer, toute légère et douce ; maccompagnant après un premier orgasme, vers une deuxième montée de plaisir lente et profonde. La seconde fois je me suis sentie couler dans sa bouche, comme ça marrive parfois, coulant ma liqueur blanche et épaisse à brusques saccades. Cest ce goût de jouissance quelle a posé sur ma bouche en membrassant.
Elle a abandonné ma bouche après un très long et tendre baiser, et jétais comme absente quand elle ma massée avec la crème.
Elle est partie se laver les mains, puis ma aidée à me glisser sous le drap :
- Dors ma belle
je tirerais la porte en partant
Depuis bien longtemps, je nai de plaisir que de moi-même et de mes mains, et le sentiment de plénitude que je ressens est si nouveau
cest tellement plus
je me suis endormie heureuse
vraiment heureuse.
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